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Étienne Roquis : un travailleur social recruteur à la tête d'Interaction Santé Rennes

Témoignages
Publié le 20 mars 2024

Étienne Roquis, quel a été votre parcours avant Interaction Santé ?

Lycéen, je voulais déjà être éducateur spécialisé. J'avais 17 ans à l'obtention de mon bac Littéraire. C'était trop jeune pour démarrer ces études, je me suis donc inscrit en licence de psychologie. Par manque de place, j’ai été désinscrit de la faculté sans que l’on ne me demande mon avis. J’ai trouvé in extremis une place en BTS de comptabilité, faute de mieux. 

Ce n’était pas du tout mon projet, mais je ne me suis pas laissé le choix et je suis allé jusqu’à l’obtention du diplôme.  Ça m'a demandé énormément d’adaptation et c’est une force que j’ai gardé.

Étienne Roquis : S'engager dans le travail social

Comment passe-t-on de comptable à éducateur spécialisé ?

J’ai postulé à Askoria et été  admis en formation d’éducateur en 2013. En parallèle de mes études, je me mets à avoir une vie associative assez intense, notamment au sein d’une association qui porte un projet social : la création d'une structure d'hébergement pour jeunes majeurs mis hors de chez eux en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. 

C’est une population qui ne trouve pas sa place dans les hébergements d’urgences. Il n’y a pas de structure adaptée pour les accueillir en Bretagne.

Initialement, je décide de me concentrer sur mes études sans trop me disperser, sauf que le temps passe, et je me rends compte que le projet n’avance pas. Le porteur de projet désigné n’est plus joignable depuis des mois. La situation m’agace, je propose donc de prendre la responsabilité de cette action. Je commence en duo avec un collègue, et très vite nous montons une équipe de 20 bénévoles, que je vais animer de manière hebdomadaire, pour créer et faire vivre cette structure.

Arrive ma 3e année d’études et mon stage long d’éducateur spécialisé. Je choisis de lier mon engagement associatif à mon parcours professionnel en faisant un stage à l’association Le Refuge, de Lille, ce qui me permet de construire aussi pour notre antenne rennaise.

Notre établissement prend vie fin 2015. Nous avons quelques logements, des équipes qui se structurent, mais pour ma part, je pense déjà à comment passer la main. Je sais alors que les associations qui se construisent autour de personnalités fortes ont du mal à se pérenniser. 

Progressivement sur l'année 2016 et la fin de mes études, nous organisons la passation. Et l’association continue d’exister sans moi.

C’est le moment que vous choisissez pour exercer en tant qu’éducateur ?

Non, pas tout à fait. Je sens déjà que j’ai envie de plus, je vais donc suivre une formation de deux ans qui valide un bac plus quatre, en tant que responsable de projet et d'études sociales. Je suis en alternance et je réalise des recueils d’entretiens sur l’histoire du travail social en Bretagne, auprès de personnels retraités.

En 2018, je rentre en protection de l'enfance, au sein de l’ARASS, au début comme éducateur spécialisé. Quelques mois passent, tout va bien pour moi, mais il y a des services qui sont particulièrement en difficulté. L’association cherche quelqu'un pour apaiser les tensions, notamment au niveau de l'équipe. On me propose la mission et je l’accepte.

J’évolue donc responsable de service pendant cinq mois. Une expérience qui a été extrêmement intéressante, qui se passe bien, qui montre mes compétences à la fois en termes de gestion et de capacité à manager.

En parallèle, l'association avait déposé une réponse à un appel à projets pour créer une structure pour mineurs non accompagnés sur Châteaubourg. Sans s’y attendre, elle le remporte et il lui reste donc deux mois pour ouvrir ladite structure.

Je deviens donc responsable de projets sur l'ouverture de ce foyer-là. 

Valoriser les compétences managériales

Pourquoi ne pas être resté sur ce poste ?

Cela se passe très bien, mais il n’y a pas de perspectives de poste pérenne de chef de projet et je ne me sens pas de m’installer dans la fonction de chef de service. En protection de l’enfance, c’est un poste épuisant et je ne me sens pas à la hauteur. Je ne me projetais pas dans cette voie, même si on m’avait proposé la responsabilité du foyer que j’avais contribué à créer.

Vous quittez donc la protection de l’enfance ?

Absolument. À ce moment-là, je souhaite valider mes compétences managériales et continuer à monter en responsabilités. Je lance mes recherches d’emploi dans ce sens. Je trouve rapidement un poste de responsable de secteur, mais dans l'aide à domicile, en Ille-et-Vilaine. Alors je tente. 

On est sur l’accompagnement de personnes en grand handicap. C’est un poste très complet qui regroupe recrutement, ressources humaines, management, gestion, suivi et relation avec le client. 

Rencontrez-vous des difficultés, face à ce nouveau défi ?

Je prends mon poste en Juillet 2020, le secteur de l’aide à domicile est épuisé par l’épidémie de COVID et les confinements. Les équipes étaient réellement en souffrance. J’ai fait mon maximum et j’ai stabilisé mon périmètre petit à petit avec ma responsable d’agence.

Après quelques mois, ma directrice réseau, me demande ce que seraient mes recommandations pour améliorer la situation. Je lui soumets mon diagnostic et un plan d’action pour redresser la barre au niveau local. Alors elle me met au défi. Elle me propose de mettre en place ces idées, en prenant le poste supérieur, responsable d’agence, pour le nord de l’Ille-et-Vilaine. 

Quelles conditions posez-vous à cette prise de poste ?

J’ai posé un point principal. Un point de fond. J’ai dit que la marge ne serait pas ma priorité. Que mes objectifs seraient l’humain et la qualité. C’est accepté par ma hiérarchie. 

Je récupère un morceau d'agence qui est dans une situation très difficile. Nos équipes étaient notées chaque mois par les clients, nous avions un taux de satisfaction intérieur à 2 sur 5.Il y a beaucoup d’arrêts-maladie de la part du personnel, beaucoup de plantages de dernier moment, ce qui est inacceptable.

Placer l'humain au coeur de ses pratiques

Comment avez-vous inversé la tendance ?

Comme annoncé, je travaille l’humain, le relationnel. Je recrée du lien entre les salariés, et avec les clients. Nous étions dans le secteur du très grand handicap. Sans nos équipes, nos bénéficiaires pouvaient mourir en quelques minutes ou quelques heures. Ces actions étaient essentielles pour eux, pas question de laisser des trous dans le planning.

Avec mon équipe, nous avons amélioré notre façon de recruter et d’intégrer nos salariés, nous avons mis en place des formations mensuelles et des temps d’échanges de pratiques animés par un intervenant extérieur.

Nous avons aussi recentré l’activité de l’agence sur notre cœur de métier en nous concentrant sur les missions longues et techniques et en mettant en place des partenariats avec les autres structures du territoires à même de répondre à des demandes d’interventions ne correspondant pas à ce périmètre.

Nos équipes et nos bénéficiaires se sont mis à nous faire confiance et la satisfaction est revenue progressivement. Au cours de l’été 2022 nous avons été classés meilleure agence de France dans le classement interne de l’entreprise.

Et concernant la marge de votre agence ? Vous aviez dit que ce ne serait pas votre préoccupation première...

Finalement, nous avions moins d’arrêts, moins de turn over et un bon suivi des heures réalisées par nos équipes. En maîtrisant les risques liés à l'activité les charges se sont réduites et la rentabilité était satisfaisante même si nous n'appliquons aucun reste à charge à la quasi-totalité de nos clients.

Mais alors, pourquoi partir ?

Mon objectif sur ce poste-là, c’était d’assainir, remonter et restaurer l’agence. J’étais arrivé au bout de ce travail et comme je suis curieux, je souhaitais continuer à évoluer. 

Je suis parti en très bons termes avec Vitalliance. C’est une entreprise à laquelle je reste attaché. On m’a donné des opportunités, on m’a fait confiance, et j’ai pu donner le meilleur de moi-même.

Rejoindre Interaction Santé

C’est à ce moment-là que vous allez rejoindre Interaction Santé. Quelle était votre recherche professionnelle, avant de nous trouver ?

Continuer à utiliser ce que j'ai acquis en termes de pilotage, de management et de développement, tout en faisant un pas de côté vis-à -vis  du secteur médico-social. 

Que retenez-vous alors de cette offre et du processus de recrutement que vous vivez ?

J’accorde beaucoup d'importance aux valeurs des organisations et à leurs finalités, mon premier objectif est donc de mieux connaître le groupe et sa philosophie.

L’entretien avec Abaka, le cabinet en charge du recrutement du Groupe Interaction, se passe bien. Les discussions sont plutôt rassurantes. Le fait que le Groupe Interaction soit la création d’un homme, Loïc Gallerand, qui le dirige toujours, avec un véritable intérêt pour l'humain, tout cela me parle.

Et puis c'est une entreprise qui est en forte croissance et qui se structure pour y faire face. La direction compte beaucoup sur l’esprit d’initiative de ses co-acteurs. Pour certains, ce serait insécurisant, mais ça correspond vraiment bien à ma personnalité.

Puis l’entretien avec la directrice régionale, Gaëlle Vigne, désormais directrice de filiale, me conforte en ce sens. J'ai le sentiment qu'on est sur la même longueur d'onde. Elle veut construire quelque chose qui soit utile et structurant, et qui permette de suppléer sans remplacer les fonctions internes des structures ou des établissements. Elle souhaite aussi que nous apportions une vraie valeur ajoutée  plutôt que d’être concurrents, de par nos positions de soignants recruteurs, ou travailleurs sociaux recruteurs. Ces perspectives m’ont beaucoup motivé !

Quel est le périmètre de votre agence, au sein du réseau Interaction Santé ?

L’agence a une double activité de travail temporaire et de placement.

Pour répondre aux besoins des structures sur des missions courtes, il est important de disposer d’un vivier réactif, ce qui implique de ne pas trop se disperser. Aujourd’hui nous couvrons la totalité de l’Ille-et-Vilaine et particulièrement le nord du département, un secteur sur lequel je travaille depuis plusieurs années.

Et pour ce qui est du placement en CDI, où le but du jeu est de trouver le candidat qui correspondra exactement aux besoins de notre client, nous travaillons sur toute la Bretagne.

Concernant les métiers, nous avons tous ceux du secteur paramédical (infirmiers, aides-soignants et agents de service hospitaliers) et du secteur social (éducateurs, travailleurs sociaux…).

Vous avez donc une forte culture du travail social et de l’accompagnement à domicile. Comment est-ce que cela impacte les réponses que vous apportez aux établissements qui vous contactent ?

Je travaille avec des structures de santé depuis longtemps. Elles étaient déjà mes interlocutrices. J’ai vécu leurs besoins à leurs côtés et du point de vue structurel, le médico-social et le médical partagent des dynamiques similaires. On retrouve des profils humains qui peuvent aussi être assez semblables.

C’est assez facile de me projeter. Je ne suis pas soignant, mais nous partageons le concept anglo-saxon du « care », du prendre soin. Nous parlons la même langue mais avec un accent différent. C’est tout l’intérêt d’avoir fait appel à un profil comme le mien, comme ceux de mes collègues au sein d’Interaction Santé.

Quand je réponds à un client, je me mets toujours à sa place. Quand je recrute pour un établissement, j’ai la même exigence que quand je recrute pour moi même car je sais à quel point constituer et stabiliser une équipe peut être difficile et qu’au final, ce sont les bénéficiaires qui en souffrent.

 

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